Namibie 2

J8 en Namibie, Vendredi 15 septembre, J85 de voyage

Petit-déjeuner dehors en famille puis nous grimpons sur une des collines tout près. En fait de l'autre côté, c'est plat mais cela fait une jolie vue sur le lac. Puis nous prenons la route pour Keetmanshoop, à environ 60km. Nous allons voir un mécano recommandé par Ben (et d'autres voyageurs) afin de renforcer la capucine car nous avons remarqué un léger signe de faiblesse, on ne veut pas attendre que ça s'aggrave.

Nous avons un très bon accueil chez John's workshop. En arrivant au garage, ils font un tour de Ruben et constatent également que le tuyau de frein réparé au Maroc nous a à nouveau lâché. Bon ba, il était temps qu'on arrive ! Puis plein d'autres petites choses.

L'avantage est que l'atelier est bien situé par rapport aux magasins, en cinq minutes à pied on est à un petit centre commercial. L'après-midi, nous allons donc en quête de nouvelles chaussures pour Elyone, toutes les deux en tête-à-tête. Après avoir trouvé son bonheur, elle veut les enfiler avant de rentrer pour faire la blague à Bruce de « J'ai rien trouvé mais en fait si, elles sont à mes pieds. » Forcément, le temps qu'elle fasse l'opération, assise devant le centre commercial, un gamin de son âge vient nous demander à manger ou une pièce. Du coup, on lui propose de prendre les anciennes chaussures, qu'il accepte.

Samedi 16 septembre

École école ce matin. Avec une pause à la boutique MTC car jusqu'à présent nous n'avions pas de carte sim locale et fonctionnions avec le WIFI à droite à gauche. Et d'ailleurs, c'est rudement cool d'avoir celui du garage qui LUI fonctionne au moins, pas comme ceux des campings. Bref, à la boutique il y a sept personnes devant moi. C'est assez long car à chaque fois le gars du guichet retourne dans une pièce à l'arrière pour vérifier des papiers ou je ne sais quoi. A chaque nouvelle personne qui passe, tout le monde se décale d'une place sur le banc. Qu'est-ce que c'est une bonne idée ! Tu sais ainsi qui est la prochaine personne, tu n'as pas besoin de te demander qui était là devant toi déjà et avoir l'impression d'avoir loupé ton tour (souvenir d'attente don du sang ou médecin étrangement organisé).

Enfin moi, je n'ai pas le droit de bouger. Le vigile-portier-agent d'accueil m'a pris mon passeport et ma feuille de demande de carte sim et est allé dans le bureau derrière pour me la rapporter plus vite. Coût : 7 dollars namibiens. Heu oui mais comment je fais pour la charger maintenant ? On attend que le gars du bureau ait fini avec son client et il me fait signe d'y aller, là devant tout le monde. La petite blanche en vacances grillent les locaux qui sont déjà peut-être blasé de venir passer leur samedi matin ici. Moment de gêne absolue. J'espère vraiment que ce soit plus le côté « touriste étranger » et non juste ma couleur de peau qui m'ait donné cet avantage. En tout, à peine une heure dans cette boutique du seul opérateur du pays. Ils peuvent bien se vanter de couvrir 95% de la Namibie, ils n'ont aucun concurrent. (Et remarque après quelques jours d'utilisation : c'est pas 95% du territoire qu'ils doivent couvrir mais 95% des villes parce qu'il y a encore beauuuuuuucoup d'endroits où nous ne captons rien de rien)

L'après-midi, je pense faire cette fois mon tête-à-tête shopping avec Guilhem mais cela ne va pas durer longtemps : les magasins sont fermés. Ok... vraiment pas le même rythme qu'en France ! Ce n'est pas grave : on rentre, on lit, on joue au Cluedo... Tout ça pendant que Bruce bosse.

Dimanche 17 septembre

Aujourd'hui pour l'école on profite d'internet pour changer un peu de support : Kartable et Jeuxpedago sur ordinateur. On ne peut pas trop en faire, c'est assez soporifique de rester assis devant l'écran et Elyone finit par déconnecter, mais ça permet de faire d'autres exercices.

Elyone cuisine avec moi, on fait un jeu de société puis les loulous passeront l'après-midi dehors à jouer. Il fait beau, tout est calme étant donné qu'on est dimanche. On est bien.

Lundi 18 septembre

Réveil à 5h du matin par le bruit de la vitre qui se brise. Enfin, ce n'est pas tout à fait exact : Bruce était réveillé depuis un petit moment. Il avait entendu du bruit, était même sorti faire le tour du camion pour voir ce qu'il se passait. Le parking du garage reste éclairé la nuit, il y a des caméras, John nous a dit qu'il n'y avait pas de problème pour rester dormir ici.

Il n'y a pas de problème nor-ma-le-ment.

Puisque nous sommes un tout petit peu poissard sur les bords forcément il a fallu que ça tombe sur nous. Et poissard fois deux en plus puisque quand Bruce est sorti... il n'y avait personne ! Et le gars, il ne s'est pas rendu compte qu'on était là non plus !

Et oui, après avoir visionné l'enregistrement de la caméra par la suite on voit le gars qui vient faire le tour et essayer d'ouvrir la porte passager (le bruit qu'a entendu Bruce). Puis il s'en va et Bruce sort. Pendant ce temps-là, le gars est sans doute parti chercher quelque chose pour casser la fenêtre et ensuite passe derrière le garage. Bruce se recouche, peu de temps après le gars pète la vitre et mon homme qui crie un « Ça suffit maintenant ! » le fait détaler comme un lapin. Il aura juste eu le temps d'attraper le manteau de Bruce et notre petit sac glacière de randonnée. Heureusement, pas de portefeuille dans les poches ! Juste la paire de jumelles des enfants dans le sac, encore une fois, c'est eux qui en pâtissent :-(

Bon du coup avec tout ce bazar, tout le monde est réveillé et je peux vous dire que l'imagination des enfants débordent en tout sens avec ce stress. Je traînouille quand même au lit jusqu'à 8h avec les loulous qui finiront par inventé des scénarios de défense pour le moins... surprenant (la peluche Idefix qui prend vie et leur mord les doigts, Elyone qui grogne derrière son rideau pour faire croire qu'il y a un lion...)

En tout cas, nous avions un peu peur de la facture mais nous avons une agréable surprise quant à la vitre de remplacement : 700$N pour une vitre découpée sur mesure (avec en modèle celle passager) avec une feuille plastique à l'intérieur. Ainsi, si quelqu'un voulait nous la re-casser, elle ne devrait pas voler en mille morceaux mais simplement se fissurer.

Le soir, nous allons dormir dans la cour de Johan, mécanicien du garage. Les enfants sont super contents de trouver des copains : ils ont 4 enfants dont le plus grand a 6 ans (mais fait plutôt 8). Zena nous accueille avec grand sourire. Nous mangeons en compagnie d'Andrew (qui travaille au garage également), de sa copine et de leur bébé de 4 jours. C'est une très belle soirée en toute simplicité, avec une prière rapide en début de repas.

Mardi 19 septembre

Pour se calquer sur le rythme de nos hôtes, nous réveillons les enfants à 7h. Un peu dur après s'être couchés tard et avoir déjà passé une petite nuit la nuit précédente. Bruce part bosser et moi je m'apprête à faire la vaisselle quand Sarah, la femme de ménage, arrive. Oups, je voudrais pas donner l'impression de lui piquer son travail. C'est aussi elle qui s'occupe de notre linge sale : lavé, étendu, plié, plus qu'à ranger. Pas l'habitude. Elle est aussi là pour les enfants quand Johan et Zena partent à un rendez-vous. Moi comme une bêta, je n'ai rien pensé à prendre pour m'occuper mais en tout cas, les enfants profitent à fond et ça fait plaisir.

L'après-midi, nous sommes traités comme des VIP : Zena nous conduit au musée (qui est dans une église de Keetmanshoop), manger des glaces, au parc, où se trouve aussi un mémorial pour les victimes du COVID qui a fortement touché la petite communauté, à la gare vestige (encore fonctionnelle) du colonialisme allemand.

Les gars rentrent tard. On se fait un braii et on découvre la cuisson des croque-monsieur dessus, pas bête ^^. C'est encore un beau moment d'échanges. Bruce nous dit que ce matin, il a donné un sac de chaussures trop petites à Linus (pour ses dix enfants), l'homme à tout faire du garage, mais que cet après-midi il est du coup venu lui réclamer d'autres trucs ! Je suis un peu dégoûtée, dans le sens où si on t'a donné ça déjà je pense qu'il faut savoir apprécier mais Johan lui n'est pas surpris.

Par contre lui, il me surprendra par l'une de ses questions : « Est-ce que vos parents sont encore en vie ? » Alors en anglais évidemment, et j'avais tous les termes et il parle doucement et reformule si besoin pour qu'on se comprenne bien mais là, j'ai beugué. Qui pose cette question en France lors d'une soirée barbecue entre amis ?

L'explication est simple : ici si tu vis jusque 60, 65 ans c'est bien. Alors quand on lui dit qu'on a encore chacun trois de nos grands-parents, it's a choc ! 85 ans, what ?

Mercredi 20 septembre

Ce matin, nous nous promenons sur les hauteurs de Keetmanshoop, c'est très joli. Je pensais que c'était une petite ville, et bien je me suis plutôt trompée ^^ On passe par une ancienne carrière de sable, les enfants s'amusent.

L'après-midi, Zena s'absente et j'ai le plaisir de rencontrer sa mère. C'est au tour de Granny de nous gâter : elle emmène toute la tribu manger une glace et jouer à une aire de jeux. Elle sait y faire avec les enfants ^^ Comme pour la veille, être à 7 personnes dans une voiture citadine classique n'est pas un problème (paye ta brochette de gosses sur la banquette arrière^^) et le petit cône de glace vanille à 7$N (pas cher!) a franc succès. C'est une dame très agréable, ouverte aux autres, qui a déjà voyagé en Ukraine, Russie et Turquie. Nous parlerons un peu de tout dont congé parental : ici trois mois avec le même salaire alors quand elle apprend que j'ai pris deux ans pour Guilhem, wahou !

Malgré cette super journée, pas trop le moral ce soir : Bruce rentre tard, très tard. Johan et Zena allaient même installer des matelas pour qu'on puisse se coucher les enfants et moi. Ils sont vraiment supers. Elyone qui a cassé l'élastique de sa claquette ? Voilà que cinq minutes après Johan est en train de lui recoudre alors que je pensais me pencher sur le problème le lendemain... (vous me pardonnerez mais à 23h clairement la couture, c'est plus le moment pour moi^^) Des amoures.

Jeudi 21 septembre

Ça y est, les travaux sont finis, pour le moment. Nous prenons rendez-vous dans une semaine, pour faire la chaîne de distribution. Bruce a commandé les pièces en France, sur ProTruckShop, ils nous renseignent régulièrement et là on ne pouvait pas tout avoir sur place. Nous allons nous alléger de quelques billets au garage (11400$N pour être exact), ça pique mais il y a eu vraiment plein de choses de faites. Et pour les tarifs mécaniques, je m'en remets à mon homme : si lui estime que c'est correct entre la main d’œuvre et les pièces, pas de souci.

Nous partons en direction de Luderitz mais Johan nous a dit de dormir à Aus car aujourd'hui il y a trop de vent et une dizaine de kilomètres avant la ville côtière, il peut y avoir une barkhane (dune mouvante) qui se forme et barre la route. Il faut attendre que les services de voirie dégage la voie. Bon, on va écouter l'habitué ^^ nous nous trouvons sans problème un coin dans les montagnes qui nous convient très bien : un camping abandonné il y a fooooort longtemps. Il est déjà 18h mais ni une ni deux nous nous lançons à l'assaut de la petite montagne à côté de nous, sur laquelle nous avions vu un dik-dik en arrivant. Nous y voyons un très beau coucher de soleil.

Vendredi 22 septembre

Il n'y a pas un brin de vent ce matin. Nous avons laissé les enfants se réveiller d'eux-mêmes pour qu'ils récupèrent un peu. Ecole dans la bonne humeur, séance photos dehors (non je ne les ai pas pris en photo eux, mais ils ont sorti leurs appareils) et c'est parti pour la route.

Il y a un peu de vent en fin de parcours mais la route est belle. Presque trop belle pour une ville située dans un cul-de-sac de 100km aller et 100 retour (à partir d'Aus, sinon 300km depuis Keetmanshoop). On voit beaucoup de camion bennes rouler. Nous arrivons en début d'après-midi à Luderitz, ville côtière avec quelques jolies maison colorées.

Nous allons au camping de Shark Island, un peu cher mais joliment situé et avec une salle de bain qui déchiiiiiire. Vous avez fini congelé après avoir explorer les rochers et jouer dehors ? Prenez quelques jeux, et allons au bain ! L'avantage de la basse saison, c'est qu'on peut squatter la baignoire sans scrupules héhé.

Samedi 23 septembre

Aujourd'hui, nous allons à la ville fantôme de Kolmanskop. Ville minière abandonnée depuis 1956. Nous y arrivons à 11h et payons 310$N (130/adulte et 50 pour Elyone). On file très vite dans une première maison ensablée pour le plus grand plaisir des enfants puis on fait quand même un saut au musée avant de continuer. Le premier diamant a été trouvé sur ce site en 1908 puis au début des années 1920, la production a commencé à décliner. Dès 1928, d'autres gisements plus faciles d'accès sont découverts et au fur et à mesure les habitants quittent le lieu en abandonnant leur maison.

On retourne donc fouiner dans ces maisons des personnes à responsabilités : les contremaître, architecte et docteur n'avaient déjà pas des petites baraques. Grande bâtisse aux multiples pièces, on fait un cache-cache dans chacune d'elle (en faisant évidemment attention à certaines zones plus abîmées que d'autres). Entre chaque maison, le sable te fouette avec le vent fort, et je ne peux m'empêcher de penser que ça devait pas être pratique pour aérer la maison ^^

Malheureusement le site ferme à 13h, même si des personnes rencontrées par la suite nous on dit que si on s'était garé à l'extérieur, on aurait pu rester autant qu'on voulait, dommage ! Il nous restait quelques bâtiments à découvrir mais c'était déjà un bon moment.

Puis nous repartons vers Luderitz mais avant la ville nous bifurquons en direction de Diaz Point, sur des pistes menant à la partie sauvage le long de la côte. On roule jusqu'au phare avec plaisir : la paysage nous plaît et nous voyons un groupe de flamands roses. Pas d'otaries, ce qui peut parfois être le cas, dommage.

Nous mangeons vers le phare puis marchons jusqu'à la croix qu'un navigateur portugais a érigé ici en pensant être arriver en Afrique du Sud... mais il y a un vent de dingue !! On galère vraiment à avancer. En redescendant du promontoire, nous voyons ensuite de drôles de mouettes... des flamands encore ! On ne pensait pas en voir carrément sur les rochers.

Opération mission secrète pour les approcher discrètement, ça tombe bien, le vent est dans le bon sens. Nous sommes plus qu'à quelques mètres lorsqu'ils s'envolent, c'est magique.

Ensuite, nous cherchons un coin un peu plus abrité du vent pour finir l'après-midi et pouvoir dormir sans avoir l'impression d'être sur un bateau. On trouve sans mal vers une petite plage. On cuisine un bon gratin pour nous réchauffer et user un peu notre surplus d'électricité (on peut peut-être proposer d'en vendre à l'Afrique du Sud?) et on fait une partie de Times'up. C'est un excellent moment où on découvre Elyone capable de synthèse et Guilhem très fort en mimes.

On a vraiment passé une superbe journée jusqu'au bout.