Namibie 9

J59 en Namibie, Dimanche 5 novembre 2023, J136 de voyage

Après Etosha, nous avons fortement hésité à partir directement en direction de la bande de Caprivi, et donc du Botswana, au vu du temps qui passe et de nos visas qui expirent début décembre. Cependant, Ben nous a titillé un moment en nous disant qu'il était dans le secteur et que malgré la présence de ses clients, on pouvait le rejoindre. On finit par céder à la tentation et c'est donc en direction du nord ouest que nous partons.

La route menant à Opuwo est longue et monotone. On s'ennuie tellement sur la B1 goudronnée qu'on fait une longue pause ce midi pour jouer aux échecs. Il fait hyper chaud, mais on est content de constater qu'on a quand même dix degrés d'écart avec l'extérieur (33° dedans, 43° dehors).

En fin de journée on se pose non loin d'un village. Le coin est sympa mais à la tombée de la nuit... le sol se transforme en aire de jeux à araignées ! Et nous verrons même un scorpion (m'en voulez pas s'il n'y a pas de photos, j'étais vraiment pas sereine de rester dehors pour prendre le temps de le shooter comme il faut😅)

Lundi 6 novembre

Nous sommes réveillés par du bruit à quelques mètres du camion. Trois gars papotent en nous regardant. Bruce va les saluer mais ils ne parlent pas un mot d'anglais. Plus tard, une fille arrive qui elle, se débrouille beaucoup mieux. Ça ne les gêne pas qu'on attende Ben ici.

Bruce en profite pour regarder quelques trucs sur le camion, avec maintenant son fanclub de cinq gars. Quand Bruce change de côté, les mecs changent aussi ! C'est gênant, mais pas méchant. Il se sent bête de foire mais en même temps, c'est vrai que nous changeons un peu leur ordinaire. Que pensent les himbas de ces blancs qui viennent voir leur village et les prendre en photos comme si c'étaient eux l'attraction du jour ?

Aujourd'hui, des himbas font la manche en te proposant de les prendre en photo en échange d'un billet. Qu'y a-t-il d'authentique à ça ? Oui, les femmes sont belles avec leurs cheveux ocre, et leurs si nombreux bijoux qu'ils en recouvrent parfois leurs seins nus. Mais je ne me vois pas leur payer un cliché, ou leur en voler un en cachette, juste pour dire que nous les avons vu de nos yeux.

A 10h30, nous remontons à Opuwo pour rejoindre Ben, Sonia, Paul et Joerg, tous allemands. En chemin, nous prenons en stop deux garçons qui s'apprêtaient à marcher 9km pour rejoindre la ville. Ils ne parlent guère anglais non plus, mais ce n'est pas grave, leur sourire suffit.

Puis l'après-midi, nous partons en direction d'Etanga. Nous allons profiter d'être à plusieurs pour aller visiter cette partie de la Namibie, secteur reculé où il te faut être sûr d'avoir assez d'autonomie de carburant. La piste est plutôt bonne, avec jusque deux trois arbres un peu bas qu'il nous faut contourner. L'un d'eux nous fera atterrir dans du sable mais on ressortira assez vite. C'est un très joli décor avec quelques passages de lits de rivière.

On finit la journée par une belle côte escarpée et nous trouvons un joli point de vue sur les montagnes pour y passer la nuit. Leur routine est bien organisée et nous restons d'abord un peu observateur, mais nous sommes très vite mis à l'aise et nous passons une super soirée.

Nous avons deux bons cuistos (Ben et Paul), Sonia parle très bien français et avec tous le feeling passe très bien.

Mardi 7 novembre

Ce matin, c'est matinée tranquille. Ça nous va très bien, on voulait pas imposer un rythme de route dingue aux enfants. On déjeune au soleil, Ben nous prépare des galettes de pain. Les loulous jouent si bien que je n'ai pas le cœur à leur faire de l'école : qu'ils profitent avant l'après-midi assis dans le camion !

Nous partons à 10h30, la piste est belle mais caillouteuse. Des descentes, des montées, des passages techniques et surtout pas très larges à certains endroits. Le meilleur moment est quand nous retrouvons du sable, pas trop mou, où on peut se faire plaisir dans un joli décor.

On se fait une pause station-service de la brousse, à acheter du gazole à 2€ le litre pour être plus tranquille.

Puis c'est reparti. On enchaîne les beaux paysages, avec toujours des montagnes en fond et un sol changeant : du cailloux (beaucoup), du sable, de la terre. Parfois rouge, parfois blanc. Aux arbres semblants morts et brûlés mais en fait bourgeonnants.

Nous croisons des chèvres, des moutons, et des villages himbas, aux huttes disparates. En fin de journée nous sommes tous bien fatigués de la piste. Nous nous posons à flanc de montagne, avec une vue dégagée sur la vallée. Nous profitons d'un magnifique ciel étoilé.

Mercredi 8 novembre

Ce matin, on admire un super lever de soleil depuis notre fenêtre 😀

Puis les enfants se lancent dans la construction de supers cabanes, sans ficelle, juste avec le bois qu'ils avaient collecté la veille pour le feu. Mon cœur de maman se fait avoir une seconde fois : juste un peu de lecture pour Guilhem et quartier libre ensuite.

Nous ne roulons pas tellement aujourd'hui. Il y a pas mal de sable, où les gars s'amuseront un peu à faire la course.

(ah bon, faut économiser le carburant?😅)

Puis milieu d'après-midi nous arriverons à Marienfluss, tout au nord. Nous passons à un lodge dont les gars nous accompagnent au trou d'eau pour vérifier qu'il n'y ait pas de crocos avant qu'on se baigne. Et oui, nous avons rejoint la Kunene River, à plusieurs endroits frontière physique avec l'Angola, tout comme l'Orange River l'était avec l'Afrique du Sud.

C'est super chouette, la petite cascade pour les massages et le petit trou d'eau où les enfants ont pied pour qu'ils puissent jouer tranquille. Il fait très chaud dehors et même si rentrer dans l'eau est toujours un peu dur, qu'est-ce que tu y es bien ensuite !

Ensuite, nous allons à un camping, plus loin le long de la rivière toujours. C'est très beau et nous verrons des crocos au loin.

Jeudi 9 novembre

Camping = douuuuuuuuuche 😂 Les hommes passent chez le barbier (un miroir et un lavabo accroché à l'extérieur des sanitaires). Tout le monde se refait tout beau tout propre avant de reprendre la route à midi.

Nous descendons vers Puros tout en ayant d'abord l'idée de faire un détour pour rejoindre la côte. C'est drôle de voir la piste et le paysage changer au fil des kilomètres. Nous nous retrouvons à nouveau dans des montagnes caillouteuses et une montée en particulier nous donnera un bon coup de stress. Très raide, la pompe à gazole n'arrive plus à tirer le carburant. Heureusement, 15L de plus et c'est reparti, pas besoin de combler les nombreuses marches : Bruce pilote comme un chef pendant que je prends 10 ans à le voir monter ça.

Pause pastèque bien agréable pour tous et nouvelle petite montée que même l'hilux (le 4x4 de location) a du mal à franchir. On jouera donc la sécurité sur ce coup-là en remblayant un peu au préalable. Ensuite, la piste est belle mais bon sang, la caillasse ! Et quand on retrouve du sable, il est si dur que c'est de la tôle ondulée !

Heureusement, ce joli décor, les springboks, les autruches et les deux girafes nous remontent le moral.

On ne s'arrête pas très tard, au milieu de nulle part. Les enfants sont contents de jouer avant le repas. C'est à nouveau une belle soirée en toute simplicité. On apprécie leurs efforts de parler anglais pour qu'on ne se sente jamais à l'écart. Ce soir, ils vont tous observer les étoiles sur la colline pendant que je reste au campement pour les enfants.

Vendredi 10 novembre

Nous ne décollons pas tard ce matin et la piste n'est d'abord pas fofolle... pour ne pas dire pas super agréable. Heureusement, c'est toujours aussi beau. En fin de matinée, nous crevons dans les cailloux. Les autres partis plus loin devant envoient le drone en observation, ils me tuent 🤣

Puis finalement tout le monde revient pour un changement de plan : sur la piste se trouve un panneau « no access » (La skeleton coast nécessitant normalement des autorisations spéciales) alors on va tenter ailleurs. Et avant ça, nous allons passer à Puros pour reprendre du carburant.

Ce village est un vrai labyrinthe... de sable ! Enclavé entre les montagnes, ses routes se mélangent et chercher son chemin dans du sable mou n'est pas très tranquille mais ça le fait. Le bar-marché-station essence, mini-container services du coin est entouré d'enfants venus voir ces étrangers-attraction du jour.

D'abord, Bruce aide les Rafiki On tour à réparer un truc, pendant qu'Elyone joue à la corde à sauter de manière timide. Puis au fur et à mesure, elle ira de plus en plus loin et finira par jouer avec les autres. Je suis très fière d'elle. Guilhem lui, préfère avoir son moment tout seul dans le camion. Je ne lui en veux pas, chacun peut faire en fonction de ses besoins.

On remet 45L pour 1200$N, on retrouve donc un prix correct malgré que ce soit toujours rempli au bidon 😁

Nous allons ensuite au bushcamp, auquel nous verrons des girafes tout prèèèèèès.

Samedi 11 novembre

Bruce prépare la roue de secours pendant que les gars cuisinent le repas du soir. On mange super bien depuis qu'on est tous ensemble, même si c'est un peu épicé ^^ Hier, ils avaient laissé les chili (piments) à part et je les remercie de cette attention !

Nous repassons prendre 20L pour être vraiment plein (la veille comme on était plusieurs, on n'avait pas osé prendre trop) et nous pouvons donc partir serein pour l'Hoarusib riverbed, direction l'Océan Atlantique !

Bon, au final on n'a pas fait 10km qu'on a une pièce à la sortie du bocal de refroidissement qui casse. Heureusement, Bruce a ce qu'il faut pour réparer et nous attendons les pieds dans l'eau. Ça annonce la couleur : à peine dans le lit de rivière, déjà une immense végétation et de l'eau... on n'est pas tout à fait serein mais on y va.

Et franchement, c'est magnifique. Nous stressons un peu à chaque passage aqueux mais on se régale avec les yeux : de la verdure et des animaux. La plupart des passages ne sont pas trop inondés. Sauf qu'à un moment, la route se transforme quand même en piscine. Ben avide d'actions se lance dans sa traversée, avec Paul également avide d'aventures qui part à pied en éclaireur. 😅 Plus prudent, nous prenons une piste qui contourne l'obstacle et rejoint Ben plus loin. Joerg est bien du même avis que nous et n'a pas envie d'abandonner la voiture de location ici 🤣

Quand on n'a pas les pieds dans l'eau, on admire la faune : âne, oryx, babouins et... un éléphant.

Splendide, majestueux, et très, très près de la piste 😁 Nous attendons un moment qu'il se pousse. Je monte dans la voiture à Ben et on passe les premiers, tout à côté, tout en guettant ses réactions, c'est trop cool.

Et j'ai bien fait de changer de véhicule puisque Bruce choisit ce moment là pour s'ensabler (lol). Le temps qu'on les rejoigne, Sonia l'a déjà bien aidé à creuser. Elle assure. Paul finit d'aider à mettre les plaques.

Malheureusement guère plus loin, la pièce du matin re-casse et le moteur chauffe plus plus plus. Décidément, ce n'est pas notre journée. On fait quelques mètres et on se pose pour la nuit.

Une voiture de safari passe peu de temps après, suivie de deux véhicules de tourisme. Nous n'avons pas vraiment le droit d'être ici mais nous prétextons que sur notre carte, la skeleton coast est plus loin et surtout que « mince alors », on est en panne. Des fois, ça tombe bien 😉

On passe une excellente soirée autour du feu et même si toute la journée on a eu peur d'être les boulets du groupe, c'est toujours un plaisir de constater qu'ils ne nous en tiennent pas rigueur.

Dimanche 12 novembre

Bruce répare de bonne heure et nous partons à 9h. La piste est de plus en plus sableuse mais ça roule super bien. Le décor des montagnes ensablées nous plaît beaucoup.

Nous croisons une nouvelle voiture de safari (il y a un lodge pas loin, on suppose qu'ils font les aller retour pour emmener les clients sur la côte) et le chauffeur nous indique une piste pour repartir sur Puros sans faire demi-tour (c'est-à-dire quand même sans aller à l'Océan non plus).

Forcément, comme on a dû s'arrêter dans du sable mou, nous on ne peut pas repartir si facilement. Paul et Joerg nous aident et on met les plaques de désensablage dans leur voiture pour que Bruce ne s'arrête pas à nouveau dans un endroit pourri 😁

Paul me laisse sa place dans la voiture et s'accroche à l'extérieur. On rigole bien quand on doit passer dans une bonne flaque d'eau.

Plus loin, nous voyons un éléphant, on se demande si ce n'est pas le même que la veille. Puis une vingtaine d'oryx. Mais pas la piste dont nous a parlé le gars ! On a bien une piste sur Tracks4Africa, mais bien plus en avant. On retourne voir, je remonte avec Ben. Cependant, la piste indiquée nous fait grimper cash une dune ! On essaie en land rover, trois quatre fois, sans succès. Ouf, je voyais pas Ruben monter ici !

Puis la voiture-safari repasse (un vrai boulevard ici c'est pas possible 😅) et propose de nous conduire jusqu'au début de la piste dont il nous a parlé. Ok, faisons demi-tour dans du sable mou voyons ! Je reste avec Bruce pendant que les gars suivent le guide, et que nous on se plante tranquillement dans ce sol si doux et chaud... Ah, qu'est-ce qu'on est bien là, ça donne pas envie de repartir n'est-ce pas ?

Après quelques coups de pelle, voilà Ben qui revient pour nous guider à son tour. La piste s'annonce toujours aussi sableuse mais moins raide que notre tentative précédente !

Et franchement, cette immensité... ça vaut le détour. 

La piste ne correspond à rien sur les cartes et applications. Elle prend un bout à un endroit, en rejoint une autre puis repart. Les traces sont parfois légères. Le vent et le sable doivent facilement remodeler le tracé.

On s'arrête faire une pause melon, puis une pause drone puis à 16h30, Ben nous dégote un super spot où dormir... en hauteur.

La vue sur la Skeleton Coast est superbe et même ici, nous retrouvons une sculpture. Il y en a plusieurs dispersées dans la Namibie, mais c'est seulement la 3ème que nous voyons. 

Nous, on hésite un peu à monter avec le dévers en haut, mais on se lance finalement en ayant transvaser un peu de poids pour être plus serein. On ne montera toutefois pas jusqu'au bout mais nous arrêterons à un palier. Ça ne sert à rien de galérer pour le fun, car je suis crevée et vais me coucher en même temps que les enfants.

Lundi 13 novembre

Tiens, ils faisaient tous les malins hier, n'empêche que les trois conducteurs ont fait le même cauchemar : la voiture qui tombe dans le vide 🤣

On roule doucement pour repartir à Puros car Ben a cassé un ressort de suspension. Et oui, nous ne sommes pas les seuls à avoir de la casse, même la voiture de loc a le voyant ABS qui s'allume et le volant qui reste de travers !

Puis nous continuons la route jusque Sesfontein où on fait le plein et quelques boutiques pour du dépannage alimentaire. Nous allons ensuite au camping Ongongo Hot spring : c'est à dire qu'il a son petit point d'eau avec de l'eau « semi-chaude » qui arrive là naturellement et c'est quand même un bon petit kiffe. Malheureusement on est bien fatigué alors pour notre dernière soirée tous ensemble on ne fait pas de vieux os.

Mardi 14 novembre

Ce matin, les enfants se réveillent à 6h mais pourquoiiiiiiiiii. Mais bon, Bruce n'a pas le temps de boire son café que déjà, Ben vient le chercher pour aller porter secours à deux demoiselles en détresse. Lol. Ce sont en fait deux frangines françaises très sympa, qui cumulent un peu les galères sur leur voiture de location malgré qu'elles fassent que de la piste « classique » et pas de 4x4.

On papote un peu, et après qu'il ait regonflé les pneus puisque leur pompe déconne aussi, nous retournons nous baigner avec Ben et les copains. Ensuite, vient le moment des au revoir. Ben part au sud, puisque vendredi Joerg rentre en Allemagne depuis Windhoek. Nous, nous remontons pour aller prochainement aux Epupa Falls, retrouver un petit coup Isa et Christian. C'est fou, comment des liens se créer pendant le voyage et comme ça fait plaisir de retrouver des gens avec qui le feeling passe bien. Mais avant, on va se prendre quelques jours pour souffler tous les quatre, parce que vivre en groupe trop longtemps c'est aussi fatigant 😉

En tout cas, c'était une super semaine, avec des super personnes, des moments pas toujours faciles, de la fatigue, mais surtout du bonheur à l'état pur de se dire wahou, on est là, on l'a fait.