7 Mars 2024
J39 en Tanzanie, Samedi 17 février 2024, J240 de voyage
On a passé deux belles nuits dans la nature, au pied du Ngosi Crater mais maintenant, il va être temps de se séparer des amis. Isa et Christian partent à l'ouest, en direction du lac Tanganiyka que nous avons déjà aperçu. Et nous, direction la frontière : Malawi, nous voici !
Avant ça, on s'arrête à droite à gauche dépenser nos derniers shillings tanzaniens : essence, fruits, légumes... on en a aussi échangé contre des kwachas malawiens avec les copains et j'avoue que c'est pas mal d'aborder le changement de pays sans se préoccuper direct du cash.
A la frontière, il y a d'abord une guitoune où tu ne sais pas vraiment si tu dois t'arrêter ou non : pas de barrières, de nombreux gars qui veulent te changer de l'argent et pas l'air d'avoir d'officiers. Bruce descend quand même voir et un gars se propose/s'invite tout seul dans la démarche de nous aider en s'emparant du CPD (carnet de passage en douane) et en nous accompagnant de bureau en bureau. Côté Tanzanien, il n'y aurait pas vraiment besoin : il n'y a pas grand monde, tout va très vite. Mais il franchit le pont avec nous et du côté du Malawi, il nous fait sûrement gagner un peu de temps : il commence les démarches du CPD tandis qu'on fait celle des passeports (après avoir montrer notre carnet de vaccination contre la fièvre jaune) et des visas. Bonne nouvelle : depuis le 7 février de cette année, plusieurs pays ont désormais accès au Malawi sans payer de visa, dont la France ! Anciennement à 50$ par tête, une économie de 200$ pour nous, ce n'est pas négligeable !
Du coup, comme d'habitude je rentre plus tôt au camion pendant que Bruce rejoint le gars pour le CPD. Il y a quand même quelques camionneurs qui ont l'air d'attendre également, puis il finit par payer 20$ de Taxe Road et 15500mwK -Kwachas malawiens- (8,50€) pour la taxe carbone. C'est à peine plus que prévu car la dame s'est trompée dans la cylindrée mais pour 2€, on préfère y aller maintenant que tout est fini. Ah non, pas tout à fait : on se rend compte qu'on a plus la pochette pour ranger le CPD, pochette où il y a aussi les papiers d'assurance du véhicule par exemple. Sûr, elle est restée à la première guérite en Tanzanie. Aller, Bruce retraverse tout ça à pied mais au moins effectivement, il retrouve tout ce qu'il faut.
A 14h, Welcome to Malawi !
On s'arrête assez vite à une boutique airtel. On pensait le faire seulement demain en ville mais c'est toujours très long alors ce sera toujours ça de fait. On s'en sort pour 14000mwK : 12 de forfait 32Go et 2 de carte sim (moins de 8€ pour un mois). Ensuite, on ne roule guère longtemps jusqu'à notre premier campsite de Karonga, à 40km de la frontière. On ne cherche en effet même pas de spot nature au Malawi : pays d'une superficie de 118 844km² aux 21 millions d'habitants, avec une densité de population de près de 180hab./km², c'est un peu plus que la France (106hab./km²).
En pratique le Malawi est un pays très montagneux, dont le 5ème de la surface est recouvert par le lac du même nom (également appelé lac Nyassa côté Mozambique). Il a donc peu de surfaces habitables et ces zones-là sont très peuplées.
On arrive au lodge, et l'emplacement de camping est directement sur la plage, ce qui est plutôt cool. Isa et Christian nous avaient prévenu : il y aura quelques enfants sur la plage.
Hé bé c'est un doux euphémisme ! On a 50 enfants qui nous regardent 😆 N'ayant pas trop conscience de la distanciation sociale (nouvel euphémisme), ils se collent littéralement à toi, sauf quand ils voient un des employés du camping qui les fait fuir plus loin.
Au début Guilhem joue dans sa bulle en les ignorant et Elyone n'ose pas trop sortir, mais ça ira mieux demain. 😉
Dimanche 18 février
On a bien dormi et on émerge doucement avec le bruit des pêcheurs qui rentrent et des femmes venues chercher le poisson à vendre. On va se promener au milieu du marché et on reviendra avec un peu de friture gratuite ! Ce matin, il n'y a pas beaucoup d'enfants puis au fur et à mesure ils seront de plus en plus nombreux : pas d'école aujourd'hui.
Au fil de la journée, ils seront tantôt envahissants, tantôt amusants, parfois les deux en même temps : jouer au ballon avec Elyone, étouffer Guilhem en l'entourant de trop près, regarder les photos du Serengeti collés à moi avec leur doux parfum de poisson, envahir l'espace de travail de Bruce, me regarder éplucher les pommes de terre et les compter en anglais avec moi... d'ailleurs, leur anglais... on a le droit à "What is my name ?" et "I am a book" de manières régulières, quelques notions à revoir donc 😅 mais qu'est-ce qu'ils répètent bien le moindre de nos mots et phrases en français ! (ton inclus😄) Pas comme moi qui n'ai pas enregistré un nom d'animal en dialecte local (la langue nationale étant le Chewa, mais le Malawi en compte une dizaine d'autres).
Lundi 19 février
Elyone est ravie de revoir ses copines ce matin mais on ne traîne pas : sortie scolaire au musée de Karonga 😉 Et franchement, je conseille à ceux qui passent dans le coin d'aller y jeter un œil car on y a passé un très bon moment. Il n'est pas très grand mais pour 16000mwK en tout (entrée à 2000 chacun+guide+pourboire+cartes postales souvenir), il est en bon état et bien fait.
On suit un serpent symbolique au sol pour la visite. La ville se situant dans la vallée du Rift, c'est une zone sismique sensible. La première partie du musée y est donc consacrée avec explications sur les plaques tectoniques, l'uranium contenu dans les sols mais posant problème entre le gouvernement et les communautés locales, les tremblement de terre...
Puis vient le sujet des dinosaures avec un magnifique squelette : celui du Malawisaurus retrouvé au sud de la ville. D'une longueur d'environ 16 mètres au total, pour un poids global estimé à 10 tonnes, ça fait une belle bête ! Il y a aussi une maquette sur comment se forment les fossiles, dessins sur la formation des continents actuels... les enfants sont d'avantage intéressés par cette partie !
Il y a également le squelette d'un rhinocéros : importé vivant depuis l'Afrique du Sud, il est malheureusement mort seulement trois mois après son arrivée dans l'un des parcs.
Aperçu des hommes préhistoriques : leur taille, les outils d'autrefois comparés à ceux d'aujourd'hui.
Et les nombreuses fresques sur l'histoire des peuples africains : esclavage, guerre, apartheid et droit de vote... des peintures ayant beaucoup suscitées d'intérêt et de questions de la part des loulous.
Il y a aussi de nombreux objets exposés, plus ou moins anciens. La visite n'est pas très longue, peut-être que certains penseraient que les sujets pourraient être d'avantage approfondis, mais cela permet d'aborder différentes choses avec un contenu varié et des enfants qui restent alors intéressés tout le long. C'est donc un musée qui nous a agréablement surpris et dans lequel on a tous pris plaisir.
Ensuite, c'est moins fun : 4 banques pour réussir à faire un retrait d'argent car certaines ne prennent que les Visa (notre carte N26 est une mastercard), d'autres ont des frais élevés. Finalement, on trouvera notre bonheur à NBS qui propose des retrait sans frais. Puis courses dans deux petits supermarchés et on se fait un resto avant de quitter la ville. Pour 16000mwK (moins de 9€ à 4), on mange tout simple mais c'est très bon : riz, légumes, et poulet ou bœuf en sauce.
Puis la route jusqu'au King's Highway Restcamp n'est pas très agréable : beaucoup, beaucoup de nids de poule. Mais on y arrive tôt et ouais, quand même, on devrait y être bien. Baignade dans le lac et bain chaud dans la baignoiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiire ! Merci Isa pour le bon plan 😉
Mardi 20 février
Après l'école ? Baignade dans le lac. Enfin moi, je m'installe à l'ombre non loin des loulous pour colorier quand deux jeunes filles rentrant de l'école s'installe vers moi. Timides, elles m'aident d'abord à choisir les couleurs puis finalement elles prendront les crayons aussi. C'est un joli moment.
L'après-midi, les loulous jouent calmement avec plein d'autres enfants sur la plage. Bruce fait du linge et quelques petites améliorations-réparations dans Ruben, pendant que j'avance enfin un peu le blog. En fin de journée, les loustics retournent à l'eau d'abord avec juste un copain puis ils finiront en nombre 🤣
Soirée molkky et crêpes.
Mercredi 21 février
Après l'école et le rangement général, Bruce va se baigner avec les enfants, super contents de reprofiter un coup. Puis douche et on passe traîner à la boutique de la réception. Ce camping, tout en te permettant d'avoir du calme et de l'intimité, est ouvert à la communauté locale en mettant par exemple des salles à disposition, en ayant des moments consacrés aux femmes les lundis, en vendant l'artisanat local... C'est très agréable. Les enfants des propriétaires ont aussi pris le temps de montrer à Elyone et Guilhem le potager, les poules et les lapins, pour leur plus grand plaisir. Le prix est tout à fait correct au vu du confort à la sud-africaine : la baignoire donc, mais aussi sur chaque emplacement ton coin repas abrité avec table, braii et ton évier. On en a eu pour 60000mwK pour les deux nuits (33€) et on s'y est senti super bien surtout.
Avec tout ça, c'est seulement à 11h30 qu'on est prêt à prendre la route ! Comme on nous avait prévenu, la montée dans les montagnes a une très jolie vue mais... un sol absolument pourri. Vestige d'une ancienne route, aujourd'hui bourrée de nids de poule, ce n'est vraiment pas agréable.
On mange en haut avec une très jolie vue. Puis c'est reparti pour la route car on a fait très peu de kilomètres. L'après-midi, toujours pareil : des trous, des trous, des trous... jusqu'à ce qu'on bifurque sur de la piste où finalement, ça secoue moins.
On veut essayer d'accéder au nord de Vwaza, parc national proche de Niyka. Ce dernier nous ferait faire énormément de kilomètres sans être sûr qu'il soit praticable à cause de la pluie et des branches basses, il est également plus cher. Donc Vwaza reste un intermédiaire qu'on veut tenter, qui ne fait pas de gros détour au cas où. Seulement voilà, à la nuit tombée, à moins de 5km de la gate, il y a un beau pont de bois.
Franchement, il est en bon état, et il n'y aurait pas le vide de 4m en dessous, on se serait moins posé la question. On en est donc à hésiter à se lancer quand des gars passant par là nous disent que non, ça ne passera pas, seules des petites voitures l'emprunte. Bon, marche arrière toute...
Quand on a fait demi-tour, quelqu'un d'autre nous soutient que si-si, ça passe on peut y aller. Mais dans le doute, c'est quand même notre maison qui ferait le plongeon. Alors respectons la règle d'or : en cas de doute, pas de doute, tu n'y vas pas.
On reprend donc la piste pas large au milieu des champs de maïs, de nuit, avec de nombreux piétons. Heureusement, en venant on a repéré un coin où dormir, à seulement 15km de là. C'était dans le cas où à la gate ils nous disaient qu'on ne pouvait pas traverser le parc au vue de la saison (ce qui est d'ailleurs le cas, mais on le saura plus tard). Alors finalement, un wild au Malawi, c'est fait 😄
Jeudi 22 février
On a bien dormi dans notre petit coin d'herbe, et plat en plus 😄 Ce matin, tout le monde se réveille en forme et la session d'école avant le départ est très efficace. On n'a pas du tout été embêté malgré le passage de quelques personnes.
On a une cinquantaine de kilomètres pour atteindre l'entrée sud de Vwaza. On prend une route indiquée comme "nationale" sur Tracks4Africa. Ahah ! Petite piste de terre fort sympathique avec quelques passages aqueux et un léger embourbage. Mais un coup de 4x4 et ça repart, ça va. C'est aussi l'occasion de découvrir une nouvelle plantation pour nous : celle de tabac.
Les piétons et les vélos se poussent dans les hautes herbes quand on arrive, mais ils sont tous plutôt souriants malgré tout !
On arrive à 12h30 au parc. Fees :10$/ad, 7$/véhicule, Camping : 10$/ad. Gratuit pour les enfants de moins de 12 ans. Ca fait un petit budget mais on en a tous envie (et c'est toujours moins cher que Nyika à 25$/ad la nuit). La dame à l'accueil nous prévient que peu de routes sont praticables. On pensait que c'était à cause l'eau, mais en fait non c'est carrément la jungle 😅 dommage en soit car le sol est sec. Ils ont dégagé la piste jusqu'à l'air strip (piste d'atterrissage), mais ensuite rien n'est taillé et on préfère ne pas s'engager car tout près... on tombe parfois sur des éléphants !
C'est le cas à peine 10 minutes après s'être engagé dans le parc. On roule doucement, la végétation si dense autour de nous que régulièrement des branches d'arbres viennent toucher Ruben. Et puis, on entend un bruit. Ce n'est pas aussi net que les hippos qu'on identifie facilement désormais, et avec le bruit du moteur, on n'est d'abord pas très sûr... mais c'était bien un barrissement d'éléphant ! On voit par ma fenêtre, à tout juste deux mètres de nous, le pachyderme aux oreilles écartées en train de nous regarder. Roule, roule, roule !
Le coup de stress !
Certains disent, tu pourrais rester regarder, d'autres, quand un éléphant charge, ça court vite. Hé bien dans le feu de l'action, avec une visibilité sur les côtés avoisinant zéro, tu fais pas le malin et tu t'en vas. Bon sang, il était rudement proche quand même !
On va se poser côté camping, au bord de l'eau pour le repas de midi. On entend les hippos, et on voit plein de groupes d'éléphants le long du lac, c'est super ! Il y a même un nouveau petit groupe qui vient pas si loin de nous 😀
On voit aussi un bateau garé qui nous fait de l'œil, en se disant qu'on ira se renseigner à l'accueil pour les prix mais finalement les gars viennent le nettoyer et nous proposent 30000mwK la balade, allons-y.
On profite donc une heure sur l'eau, à constater qu'il n'est vraiment pas facile d'approcher les animaux ici. Les éléphants se sauvent et les hippos plongent. Mais c'est un bon moment avec les enfants qui adorent particulièrement la vitesse.
Au retour, on décide d'aller explorer la partie game drive. C'est là qu'on se dit qu'on a de la chance car tout est sec mais qu'en basse saison, ils ne s'occupent vraiment pas du parc (ni des installations du camping, proche de l'abandon avec beaucoup de choses cassées). On aurait jamais pu traverser le parc depuis le nord vu comment les pistes sont encombrées (et qu'au nord c'est accessoirement une zone marécageuse mais chuuut).
On va donc jusqu'à l'air strip où en chemin nous revoyons des pintades (Guilhem les adore) et où on aura la chance de voir un troupeau d'impalas. Ensuite l'unique piste pas large, ça stresse un peu avec une nouvelle rencontre d'éléphants où cette fois-ci on a bien pu voir qu'il y en avait de chaque côté. Passer au milieu d'un groupe, ça donne pas non plus envie de traîner 😅
On retiendra donc surtout de ce parc le super spot au bord de l'eau et on est content d'aller s'y installer pour la nuit.
Vendredi 23 février
On se met sous l'abri du camping pour l'école. Il fait bon, on est à l'ombre et surtout, travailler en regardant les hippopotames qui se sont approchés par rapport à hier, c'est quand même cool.
Puis arrive un premier babouin en éclaireur. On ne fait pas les malins quand il vient s'asseoir vers nous sur le muret. Quand il repart, on voit ensuite sortir des bois et passer tout près une vingtaine de babouins, puis vingt, et encore vingt autres... plus de 80 babouins passent là à la file indienne.
On mange tôt puisqu'on a de la route cet après-midi mais on a quand même la chance de revoir des éléphants avant de partir ! Alors on traîne un peu à les contempler, parce que quand même, c'est trop bien.
On part par les petites pistes. Plutôt en bon état, pas larges du tout la plupart du temps, c'est tout. Tu ne peux même pas croiser un piéton et de toute façon, ils ne t'en laissent pas le temps : ils se précipitent toujours dans les herbes dès qu'ils te voient.
Parfois, les champs sont vraiment à ras la route et c'est d'ailleurs ce qui va légèrement nous retarder pour atteindre Mzuzu : ils ont labouré si près de la piste qu'une de nos roues se met dedans et dans la foulée, Ruben s'y baigne tout entier 😅
Au début, on arrive à reculer, on sort les plaques de désensablage, on creuse... Il y a du monde autour de nous mais pas beaucoup ne nous aide. Une voiture-ambulance essaie de passer à côté de nous. Résultat : elle glisse dans le fossé de l'autre côté (et là, vue la pente je préfère que nous on ait fini dans la boue parce qu'avec le dévers...)
On aide la voiture à sortir : des gars tirent la sangle qu'on avait accroché à l'avant, d'autres poussent derrière. J'ai assez peur que ça parte en cacahuète et qu'elle tape dans le camion en passant si près mais ça passe. Et surtout, une fois revenue sur la terre ferme, le conducteur se propose d'essayer de nous tirer ! Ca tombe bien, car on était un peu en mode sur place. Cela fonctionne et on peut rejoindre la route goudronnée à seulement 15km de là, qui nous conduira jusqu'à Mzuzu, où nous attend un sacré programme...