11 Mars 2024
J7 au Malawi, Samedi 24 février, J247 de Voyage
Que serait ce voyage sans toutes les pauses au garage ? Différent c'est sûr ! Même si parfois, on a le sentiment de perdre du temps pour visiter ou profiter, c'est quand même un des endroits où on parle le plus avec les locaux, qu'on voit leur façon de travailler, qu'on parle du salaire des employés et de leur façon de voir les choses. Alors, allons faire notre BA du voyage : rendons visite à notre premier garage du Malawi !
En vérité, on a des problèmes de freins depuis quelques temps et du coup, on était en contact avec un mécano de Mzuzu. Hier, après notre fin de journée éprouvante où nous nous étions embourbés, nous sommes arrivés couvert de boue au Macondo Camp, camping et restaurant dans les hauteurs, tenu par un couple italien. Après une douche, nous avons mangé pizza et ne nous sommes pas couché tard, et même si nous n'étions pas très enclin à bavarder avec la fatigue, Luca a offert les desserts aux enfants, ravis.
Pour en revenir à ce samedi matin, Luca nous conseille un autre garage, dont il connaît très bien le propriétaire et où il a déjà envoyé un autre client ce matin. Ca nous gêne un peu pour l'autre mécanicien que nous décommandons au dernier moment mais il réagit bien.
Nous arrivons donc chez Vee Jay, indien supervisant un paquet de monde. Après avoir expliqué nos (nombreux) problèmes, il donne rapidement ses directives : deux gars sur la barre de soutien de la capucine (les rivets n'arrêtent pas de sauter, il faut lui donner de la mobilité à la base), d'autres sur l'embrayage. Et oui, après s'être sorti de la boue, on entendait de gros bruits, encore un truc à checker... et bien ça n'a pas loupé : le disque d'embrayage est bien cassé ! Les ressorts ne tiennent plus en place. Heureusement, le précédent propriétaire de Ruben avait un embrayage d'avance et nous l'a donné en même temps. Et Bruce a pensé à l'emmener. 😄
Le démontage étant fini à midi, on pensait pouvoir rouler le soir. Mais le remontage étant plus long que prévu, on restera finalement dormir sur place, dans la cour du garage, avec un gardien, des caméras, des lumières... No stress.
Dimanche 25 février
Malgré qu'on soit dimanche, jour du seigneur avec de nombreux salariés allant à l'Eglise, des volontaires viennent travailler dès 9h. Ils finissent de remonter la boîte de vitesse, non sans mal. Pendant ce temps-là, les deux autres gars redémontent la barre de la capucine pour l'améliorer car elle n'était pas plaquée correctement. Il la changeront finalement complètement.
Payer le garage une première fois (180 000 Kwachas malawiens, environ 100€) est l'occasion de se rendre compte que le billet le plus élevé est celui de 5000mwK. Et quand le distributeur te donne 200 000mwK en billets de 2000mwK, ça fait quelques coupures. 😅
Nous partons vers 15h du garage et retournons au camping où nous retrouvons Andy et sa femme, le couple de voyageurs britanniques, avec qui nous avons déjà beaucoup discuté au garage (ils avaient des problèmes sur le différentiel de leur land cruiser). Ils sont descendu d'Europe jusqu'ici par la route, et sont riches en anecdotes. On passe donc la fin de journée en leur compagnie, ainsi qu'avec Cecilia et Luca, les gérants. Ils ont investi les lieux il y a 13 ans, et retournent une fois par an en Italie avec leur fils de 8 ans, qui fait aussi l'école à la maison. Ils sont restés ouvert pendant le covid pour permettre aux 22 personnes qui travaillent ici de rester et d'avoir de quoi vivre. On verra par la suite d'autres campings qui ont fait ce choix, dont certains ayant encore les panneaux de prévention. C'est une belle soirée, où nous avons le droit à une petite dégustation de liqueur à l'orange et au café.
Lundi 26 février
C'est reparti pour le garage à 8h. Ils attaquent les freins, seule chose prévue à l'origine 😅 Puisqu'on n'a pas de frein à main du tout, on décide de démonter les tambours. Les garnitures ont été très abîmées par le sable, il est donc grand temps de les remplacer. Pour se faire, ils veulent aller faire tailler sur mesure en ville mais le problème est que pour ça, il faut de l'électricité et que depuis hier soir, c'est panne générale à Mzuzu. Vee Jay nous apprendra que c'est parce que 22 poteaux électriques ont été couchés par la pluie.
En attendant, vidange du pont arrière, de la boîte de vitesse, recherche de la fuite d'huile à l'avant... Peu avant midi, on comprend qu'il ne faut de l'électricité finalement que pour percer les garnitures, alors on propose aux gars d'utiliser nos propres outils, sur batterie. Ce faisant, il met deux heures à préparer les pièces puis le remontage se fait dans la foulée.
A 17h, quand le garage ferme, on peut rouler. On décide donc de retourner au camping pour avoir l'occasion d'essayer Ruben avant de quitter Mzuzu. Résultat : guère d'améliorations pour les freins... On est bon pour y retourner demain.
Mardi 27 février
Tentative du matin : purger les freins pour voir si ce n'est pas un problème de pression. Râté. Nous allons essayer un coup avec les mécanos pour qu'ils se rendent compte. C'est finalement le répartiteur de freinage qui déconne (ce qui normalement demande à l'arrière de freiner d'avantage), on le remplacera donc par un raccord simple.
On fait la vidange moteur, on change les filtres à huile, à air et à gazole. Avec tout ça, on ne quittera encore pas Mzuzu aujourd'hui.
Et nous pendant ce temps-là, on fait quoi avec les enfants ? De l'école, des jeux, de la cuisine, des bracelets... On a aussi été faire du shopping à pied. Ils s'occupent sagement en intérieur, jouant en autonomie, même le jour où j'ai été bien malade et suis restée couchée une bonne partie de la journée.
Mercredi 28 février
C'est parti pour les courses après le rangement de rigueur et la douche pour tous. Heureusement, la coupure de courant n'aura duré qu'un jour et demi, on aurait pensé plus ! Luca nous a à nouveau donné plein de bonnes adresses dont le restaurant indien A1 où effectivement, on se régale (et d'où on emmènera les restes car repas copieux😄). Bruce en profite pour essayer un plat du Malawi, où la pâte à base de farine de maïs un peu gluante est conseillée d'être mangée avec de la sauce 😅
On quitte donc la magnifique ville de Mzuzu vers 14h30, sous la pluie, en direction de Nkhata Bay. On traverses des plantations d'arbres à caoutchouc. La route est propre et heureusement vu la météo pourrie.
On devait aller au Kende Lodge, au bord du lac. Après avoir d'abord loupé l'entrée de la piste, on ne roulera finalement pas longtemps : elle s'est transformée en gouttière géante car l'eau de pluie, comme nous, veut rejoindre le lac. Il nous reste deux kilomètres, on préfère ne pas s'y engager et on fait demi-tour. En plus, il est encore tôt et s'arrêter sous la flotte, ça fait pas rêver pour la fin d'après-midi.
On décide donc de continuer plus au sud jusqu'au Ngala Lodge. La pluie a fini par cesser malheureusement, elle a déjà fait des ravages : route barrée, une partie du pont s'est effondrée. Bon sang, rapide coup d'oeil à la carte : bienvenue au Malawi où il n'y a que deux routes et entre les deux ba... pas grand chose (la montagne).
Il va falloir rebrousser chemin, soit 150km jusque Mzuzu, youpi ! 😅
On croise des camions, on les informe et on envoie les photos car l'un d'eux en a besoin pour demander un ravitaillement en carburant à son patron. En effet, il n'a pas assez pour faire demi-tour jusqu'à la prochaine station.
C'est justement là où on dormira ce soir, puisque le 3ème lodge repéré est fermé pour travaux. La chance jusqu'au bout ! Luca nous envoie des photos et vidéos de Dwanga, une trentaine de kilomètres plus au sud de là où on était : complètement inondé, avec d'autres ponts cassés... C'est donc frustrant d'avoir roulé 300km pour rien, mais tu relativises quand tu vois les maisons sous l'eau...
Jeudi 29 février
Pour fêter cette année bissextile, nous décidons de retourner au garage ! 🤣 Ruben fait de plus en plus de bruits depuis qu'on a quitté la ville, et il en fait déjà pas mal à la base 😅 Bruce soupçonne la butée d'embrayage qui a pris l'eau dans la case où elle était stockée, ce qui aurait pu faire rouiller le roulement.
Après plusieurs essais avec le mécanicien qui confirme les doutes, ils décident de tout redémonter (ce qui n'est pas négligeable car il faut défaire la boîte de vitesse pour atteindre l'embrayage, et ce n'est pas léger).
Il pleut toujours aujourd'hui, sans interruption, c'est un peu galère pour travailler sans abri. On redort au garage ce soir. Vee Jay nous a bien proposé une voiture et Luca de nous faire une chambre au prix du camping mais on préfère rester avec nos affaires, pour s'occuper et se faire à manger soi-même plutôt que d'attendre bêtement.
Vendredi 1er mars
Une semaine à Mzuzuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu ! C'est souvent à partir de là, que je perds un peu les pédales et ai un grand besoin de bouger. Bruce lui, voit nos visas défiler : un mois au Malawi normalement, c'est large. Mais quand tu stagnes au même endroit, c'est plus si long finalement !
Ils finissent de tout remonter, de tout ranger, de faire la vidange de la boîte de transfert... Celle-là, c'était pas gagné car Bruce et Vee Jay n'étaient pas d'accord sur l'huile à mettre. Jusqu'à ce qu'ils retrouvent l'étiquette confirmant les dires de Bruce : c'est bien de l'ATF dextron II. Bon, on a pû finir ça sans crainte.
On est tout content de pouvoir aller se poser au camping dès 15h... ah mais en fait non ! La route principale traversant Mzuzu est coupée à la circulation avec des policiers partout : le président va passer car il a une maison en ville. Bon... on voulait juste la traverser, on est un peu dégoûté de patienter 45 minutes ici mais c'est comme ça.
Dès qu'on arrive au camping, plus tard, on se lance dans le linge et la cuisine pour le soir. Un couple de suisso-indonésien arrive avec un enfant de 8 ans, trop content de se trouvé des copains. On va cependant faire l'apéro en "tête-à-tête" avec Luca et Cecilia et ce sera une belle soirée. On parle mieux en petit comité, et ils nous montreront plein de photos de caméléons, grenouilles et serpents vus au camping !
Cette semaine a donc été longue et éprouvante côté mécanique, mais on a la chance d'avoir trouvé un bon pied-à-terre. Ce camping est un lieu d'échanges avec des personnes bien différentes qui y passent et de super hôtes. Merci à eux !