Maroc 2 : de Sefrou à Midelt

Mercredi 18 février

Nous sommes à Sefrou, on s'est vite sauvés la veille pour ne pas repayer le camping de Fès pour rien. On descend en ville mission fruits et légumes. Le marchand chez qui nous allons est très honnête : j'avais compris 76 dirhams, à 70 il me dit stop et me rend de la monnaie pour un total de 65, ça fait du bien de retrouver un échange honnête ! Pour ce prix on a 2 mangues, 2 kakis, 1 kg de fraises, 1 pamplemousse, des tomates et des carottes.

On ne visite pas plus, même s'il y a l'air d'avoir une partie de la ville fortifiée, on aimerait aller au parc de Tazekka, retrouver de la nature après l'effervescence de la ville la veille. On ne mange pas sur place car le spot où nous étions garé est plein de déchets. C'est quand même un vrai fléau ici : la gestion des ordures au Maroc ne doit pas être terrible :-(

Il y a normalement 1h30 de route pour aller au parc national, on en met en fait le double ! Route de montagne, ça grimpe ça grimpe mais on change vraiment de décor : le parc est une gigantesque forêt dans laquelle ils ont réintroduits des cerfs (disparus il y a quelques années, ils en ont un peu plus de 70 maintenant), des mouflons et dans lequel il y a aussi de nombreuses grottes.

Jeudi 19 février

Les enfants sont super contents d'avoir un espace gigantesque où jouer et crapahuter dans la nature. Ils ont conscience que vu leur boucan, on risque pas de voir une oreille d'un animal de la forêt mais savoir qu'il y en a suffit à les rendre heureux. Ils sont trop forts.

Le matin il fait assez frais alors on travaille au chaud dans le camion, en guise de récréation, nous montons voir une maison abandonnée. Il y a une jolie vue mais énormément de bouts de verre, dommage. L'après-midi on se promène pendant que Bruce s'occupe du chauffage qui se met en erreur (il était finalement très encrassé alors qu'il a que peu servi... bizarre).

Finalement, nous aurons vu des animaux ! Oui des moutons ^^ Les enfants sont ravis, tout comme ils le sont pour la soirée feu de camp qui approche. Ils participent à l’élaboration de la salade de fruits, vont chercher le bois, font le cercle de pierres...

Ce sera une soirée absolument géniale : d'abord musique, danse, saucisses au feu de bois (mais pourquoi j'ai pas de papier d'alu pour les pomme de terre à la braise hein?!) puis histoires inventées à tour de rôle... Un moment magique.

Les enfants ne veulent pas aller se coucher mais ne font pas de vieux os. Nous à peine redescend-on vers le feu qu'un garde du parc nous dit que nous ne devons pas rester là « pour notre sécurité ». On n'est pas convaincu, il retourne voir des espagnols installés non loin (arrivés dans la journée), personne n'est chaud à bouger dans un premier temps. Faire le trajet de nuit, avec les loulous qui sont endormis, il faut tout ranger et refixer... On essaie de négocier la nuit, pour partir demain matin comme prévu mais il insiste pour nous conduire au parking à trois km de là. Ok.

Un sketch : la voiture du gars ne démarre pas, on doit la pousser avec Bruce ! Douce ironie de devoir aider celui qui nous vire... On le suit donc, le 4x4 espagnol derrière nous, mais quand au bout de quelques km on voit le chemin qui descend en contrebas de la route, sans panneau de parking d'indiqué mais plutôt « gîte » on le sent plus trop. On a aucune visibilité sur comment c'est en bas, si ça sent encore l'arnaque ou pas... alors on continue la route sans le suivre.

A la sortie du parc, il y a une aire de jeux avec parking. On s'arrête là pour la nuit, les enfants seront contents demain matin.

Vendredi 17 février

Pas de chance, il pleut ! Les enfants ont bien vu qu'on avait changé de lieu (ils ne se sont même pas réveillés malgré les secousses de la piste au début) et repèrent l'aire de jeux mais c'est vraiment pas la météo idéale. On traîne pas. Direction Merzouga. Enfin, il nous faudra plusieurs jours pour la rejoindre mais on ne prévoit pas de halte précise, on verra bien.

En route, on s'arrête à plusieurs stations d'essence mais toutes refusent la carte. Mince, on a encore jamais été embêtés jusque là. On a bien du liquide mais on préférait le garder pour les marchés et les petites dépenses parce que 3€ à chaque retrait plafonné à 2000 dirhams (180€) pas cool. Mais « pas de réseau ».

Finalement à la ville de Missour, on s'arrête donc faire 2 gros retraits, m'acheter une carte sim locale (le forfait internet de Bruce a fondu de manière incompréhensible un soir au camping...) et chercher un garage pour ajouter une lame de suspension à l'arrière. (On est un peu lourd, on aimerait regagner de la hauteur entre la caisse et la roue). Le gars d'orange nous dit qu'il connaît un garage mais qu'il faudra y aller que demain, on est vendredi en fin de journée, pas de souci. On décide de sortir de la ville pour dormir au calme et on reviendra ensuite...

A la sortie de la ville, il y a très vite un chemin de cailloux sur la gauche. On l'emprunte sur quelques mètres pour s'éloigner de la route et on voit quelqu'un qui marche devant, alors on va lui demander si on peut dormir ici sans que ça pose problème. Il nous dit que devant nous c'est l'oued (le lit de la rivière, ne jamais s'y mettre), mais qu'on peut continuer le chemin, au bout y a sa maison. Ok... on le suit, on se gare sous des oliviers, et il nous propose de venir manger. On refuse poliment, il nous invite du coup à boire le thé... bon ben avec plaisir:-)

Finalement, nous resterons boire le thé (et se faire un gros goûter en même temps), manger, dormir... C'est une soirée merveilleuse. Abdeljalil est hyper accueillant, ainsi que ses parents et sa jeune sœur, mais nous ne passerons la soirée qu'avec lui car il est le seul à parler anglais et français.

Nous sommes reçus comme des rois, on échange avec plaisir, il partage facilement sur sa famille, sa ferme... Il nous fait visiter sa maison, elle est grande, il y a un toit-terrasse avec vu sur la ville. On apprend une foule de choses : il y a rarement des chiens dans les maisons car d'après le Coran, ils empêchent les anges de venir, que l'école se passe 6 jours sur 7, qu'elle est gratuite sauf si tu choisis le privé évidemment, que dans le thé ils mettent une herbe aromatique appelée Sabah...

Pour le dîner, nous avons un gros plat de seffa medfouna : de fines pâtes jaunes, du poulet, des raisins, des amandes, et une multitudes d'épices :-) il nous dit que sa mère avait proposé couscous mais qu'on en aurait sans doute marre alors il voulait nous faire découvrir autre chose. On apprécie l'attention ! Et on ne regrette pas du tout, c'est un régal.

Samedi 18 février

Nous avons dormi dans le lit de notre hôte, et Elyone sur un coussin de la banquette ramené dans la chambre également (normalement pour Bruce qui, étant un homme, ne devrait pas dormir avec sa femme et les enfants ^^') A nouveau nous sommes hyper gâtés au petit déjeuner : confiture d'abricots de la ferme (Guilhem en raffole tant qu'Abdeljalil lui en offrira un pot à notre départ), œufs durs, dattes, des galettes succulentes, du pain tout chaud... avec le choix entre thé, café et lait chaud. On sent toutes les petites attentions et qu'il fait en sorte qu'on ne manque absolument de rien. C'est parfois gênant, on n'a pas l'habitude mais il faut savoir lâcher prise et à nouveau cela s'annonce une très belle journée.

En effet, après ce copieux petit-déjeuner, nous allons visiter sa ferme. En premier, nous allons dans le « verger » où il y a oliviers, vignes, abricotier, amandier... et où il sort la cinquantaine de poules qu'ils ont (c'est pas beaucoup, normalement c'est plus de 60). Il nous montre la source qui arrive là, et on voit son père nettoyer les sillons dans le sol pour permettre à l'eau de bien passer. Pas d'arrosoir pour le jardin mais une binette permettant d'orienter l'eau : à un embranchement il fait un petit monticule de terre pour que l'eau ailler vers les haricots, quand nous reviendrons plus tard il aura décaler cette terre pour que l'eau aille ailleurs.

Ensuite nous rentrons dans une bâtisse, au rez-de-chaussée il y a les moutons pour l'Aïd, et une jeune vache. A l'étage, des agneaux avec leurs mères, une dinde et ses petits... Dans le toit, des trous servent de puits de lumière pour les animaux en-dessous. Tout est très propre. Le découpage est vraiment étrange... en discutant on comprend en fait que c'était la maison où il est né.

Puis nous allons voir les terres. Beaucoup beaucoup d'oliviers, toujours un cours d'eau au bord du chemin et plein de petites parcelles de champs. Dans sa famille, ils font tout à la main. Ils font du blé, de l'orge et de l'herbe pour les moutons. C'est très grand, en fait il a un champ par ci et un autre par là, les autres sont aux voisins. Effectivement au cours de la promenade, nous passerons dans un petit hameau, avec une belle mosquée à nouveau. Sa maison à lui semble plus isolée. C'est calme, il fait beau, c'est un très bon moment.

De retour chez lui, je vais m'installer vers les poules avec les enfants pour faire école. Bruce et Abdeljalil vont à Missour voir le garage. Quand ils reviennent : personne ici ne peut faire ce qu'on veut sur le camion mais ils nous conseillent d'aller à Midelt, plus petite ville mais avec beaucoup de garages. Notre hôte nous amène le thé dans le jardin (avec des amandes), et s'excuse car il doit s'absenter un peu. Bruce espérait partir suffisamment tôt pour la dite ville avant que les garages ne ferment mais on n'a plus qu'à attendre son retour. A nouveau, il faut savoir lâcher prise et se laisser faire : profiter du soleil, de l'environnement dans lequel on est. Moi ça me va bien, les enfants jouent tranquillement, on est bien. Mais quand tu as eu l'habitude de beaucoup courir, ce n'est pas forcément évident d'apprécier un moment où tu ne fais « rien ».

En revenant, il emmène les enfants chercher des œufs. On leur prépare une omelette dans la cuisine, il nous propose des fruits. On pense qu'on mangera que ça avant de partir et finalement non arrivent petites assiettes de salades et un poulet hmmmm succulent. (La veille aussi nous avions mangé des fruits avant le plat, je ne sais pas s'ils font toujours ça ou si c'est pour nous faire patienter)

Puis arrive le moment des au-revoir, il gâte les enfants avec des petits souvenirs, ils ne veulent pas trop partir ^^

Nous pensions faire une journée de route aujourd'hui, finalement, nous partons à presque 16h ! Mais c'était vraiment magique...

Direction Midelt donc. En chemin, nous nous arrêtons remettre de l'essence. Le pompiste nous explique qu'en fait ils ont des frais de 7% pour un paiement par carte internationale, on comprend mieux pourquoi ils nous la refusent partout ! Il nous dit aussi qu'il y a une aire de jeux etc pour les enfants si on veut faire une pause... mais on vient tout juste de reprendre la route alors c'est très gentil mais faut qu'on roule quand même:-)

Plus loin, c'est par la gendarmerie royale que nous serons arrêtés : excès de vitesse (68 pour 60). Bon vu les kilomètres qu'on fait, fallait s'en douter qu'on aurait des pv, mais le plus fort c'est que le policier s'excuse de nous mettre une amende ! Ce n'est pas de sa faute, c'est pas grave hein >< Montant 150 dirhams. Ça va.

A Midelt, on trouve plusieurs garages qui acceptent de nous faire le travail nécessaire sur Ruben. Bruce choisit en fonction du matériel qu'il pense qu'ils ont (il faut quand même lever 4,5T) alors on opte pour le poids lourd.

Dimanche 19 février 2023

Journée banale dans un cadre pas magnifique (esplanade devant la rue des garages, entouré de camions, on voit l'Atlas enneigé en fond mais pas mal de déchets au sol...)

Bruce attaque le démontage côté droit. Je fais école puis on va en vélo jusqu'à l'entrée de la ville où on a repéré une aire de jeux.

Repas, école, rangement... le train train comme à la maison.

En fin de journée, on va quand même se promener un coup les 4.

Lundi 20 février 2023

École, repas, blog puis on reprend le soleil en début d'après-midi. Je me fais violence pour accepter que les enfants fassent du vélo en autonomie dans les environs malgré les ordures au sol... Consigne : rester sur le chemin, ne rien toucher ^^

Bruce n'a encore pas mangé ce midi pour bosser à fond. Le mécano (Abdelkadhir) ne parle pas très bien français mais ils s'en sortent super bien. Le gars sait ce qu'il fait, et déjà hier dimanche il nous a bien aidé (il retape une 4L à côté donc ça ne l'a pas dérangé à priori). Mon homme dit qu'il a l'impression d'être un apprenti à ses côtés:-)

Au début, le mécano ne trouve pas de pièces à un bon prix : une lame devrait être à moins de 300 dirhams d'occaz et on ne lui propose que des neuves à 1400 par pièce (sachant qu'on en rajoute finalement 2 par côtés...) Il refuse donc et part faire un autre camion en attendant de trouver autre chose. Bruce bouillonne un peu d'être ainsi coincé, on ne commence pas le démontage côté gauche tant qu'on a pas remonté celui-là. Je pense qu'il a peur qu'on reste bloqué là des jours.

Finalement, pas si longtemps après, Abdelkadhir revient nous voir en disant qu'il a quelque chose : 1320 dirhams le tout (lames, silent block...), parfait !

C'est parti pour le remontage droit, le démontage et remontage gauche (encore plus abîmé par la rouille que côté passager, il était temps de s'en occuper quand même). En fin de journée, ils ont fini, trop fou !

En arrivant le mécano nous avait annoncé 300 dirhams de main d’œuvre, ce qui nous paraît très très peu. On demande si c'est par côté, non, mais vu que c'était plus abîmé que prévu il nous dit ce serait mieux 400 : 36€ !! Avec le temps passé... c'est carrément dingue, bon ok Bruce a aussi bossé tout le long mais quand même... On lui donne donc 500MAD, 100 au jeune qui est venu aider régulièrement aussi, et 10 au « gardien » du parking, même si on était tout le temps dedans.

Demain mardi, direction Errachidia, avec pause camping pour tournée de linge et douches.

Inch'Allah.